La communauté juive de Bosnie constitue des archives pour un éventuel musée
L'historien Eli Tauber, qui dirige le projet, estime que ce sera un défi de rassembler des histoires et des destins familiaux couvrant 500 ans
JTA – La communauté juive de Bosnie en déclin a entrepris de constituer des archives de l’histoire juive des Balkans, comprenant des documents, des photographies, des objets et des généalogies, afin de préserver l’histoire des Juifs de Bosnie.
Le groupe de la communauté juive de Bosnie-Herzégovine a acquis à l’automne un espace de presque 700 mètres carrés dans le centre-ville de Sarajevo, dans l’espoir de transformer les éventuelles archives en musée.
Eli Tauber, 72 ans, qui a écrit plusieurs livres sur la culture et l’histoire des Juifs de Bosnie, dirige le projet.
« Notre idée est d’écrire l’histoire du peuple juif en Bosnie-Herzégovine », a déclaré Tauber à la Jewish Telegraphic Agency. « Mais ce n’est pas si facile, nous parlons de 500 ans d’histoire et pas seulement d’histoire mais de personnes, de familles, et du destin de toutes ces personnes à travers 500 ans. »
Aujourd’hui, 900 Juifs tout au plus vivent en Bosnie-Herzégovine, dont environ 500 dans la capitale Sarajevo. Mais avant la Shoah, Sarajevo comptait environ 20 % de Juifs et était affectueusement surnommée la « petite Jérusalem » en raison de la variété de synagogues, de mosquées et d’églises – catholiques et orthodoxes – toutes situées à proximité.
Les Juifs séfarades sont arrivés dans la région à l’époque de l’Empire ottoman, après avoir fui l’Inquisition espagnole. Les juifs ashkénazes ont suivi le mouvement lorsque la région est passée sous la domination austro-hongroise dans les années 1870.
La Shoah, qui, dans l’ouest de la Yougoslavie, a été exécutée par les Oustachis – un mouvement séparatiste croate, antisémite, fasciste et anti-yougoslave – a décimé la communauté juive de Bosnie. Moins de 40 ans plus tard, la guerre de Bosnie, autre conflit génocidaire qui a éclaté lors de la dissolution de la Yougoslavie dans les années 1990, a poussé nombre de ceux qui restaient à émigrer en Israël et ailleurs.
Tauber a sillonné les Balkans pour ce projet et a travaillé en partenariat avec les archives d’État, rencontré des descendants de Juifs bosniaques à Belgrade, Vienne et Budapest.
« Je suis revenu de Belgrade il y a quelques mois avec 7 000 documents numérisés », a-t-il déclaré à la JTA lors d’un récent appel.
Il a dit qu’il espère que les archives – qui ne seront pas terminées avant au moins deux ans – aideront ceux qui sont partis à renouer avec le pays d’où ils venaient ou celui de leurs ancêtres.
« Ce qui est important, c’est qu’au final, nous auront créé un programme informatique avec des arbres généalogiques, pour tous ces gens qui ont leurs racines en Bosnie, et retrouver tout ce qu’ils ont fait », a déclaré Tauber.