Le Premier ministre du Qatar dit que son pays n’est pas « en guerre contre Israël »
Mohammed al-Thani souligne son soutien à l'initiative de paix arabe de 2001 pour résoudre le conflit israélo-palestinien et vante le rôle de Doha en tant que médiateur régional
Le Premier ministre du Qatar a déclaré vendredi que son pays n’était pas « en guerre contre Israël » et que l’État juif devait parvenir à un accord de paix avec les Palestiniens.
Interrogé sur un éventuel accord entre l’Arabie saoudite, les États-Unis et Israël lors d’une séance de questions-réponses à la suite d’un discours à Singapour, Mohammed ben Abdulrahman al-Thani a déclaré que la position du Qatar sur un tel accord était restée inchangée depuis des années.
« Nous n’avons pas entendu parler officiellement de discussions sur l’accord israélo-saoudien, mais en fin de compte, le Qatar maintient la même position, à savoir que les décisions de politique étrangère de chaque État membre du CCG sont fondées sur leur propre évaluation », a déclaré al-Thani, faisant référence au Conseil de coopération du Golfe, un organe qui comprend également Bahreïn et les Émirats arabes unis, qui ont établi des liens diplomatiques avec Israël en 2020 dans le cadre des Accords d’Abraham.
Le Premier ministre a déclaré que le Qatar estimait que la meilleure voie à suivre était l’initiative de paix arabe de 2001, dirigée par l’Arabie saoudite, qui proposait une normalisation entre Israël et le monde arabe si Israël se retirait de la Cisjordanie, de Gaza et du plateau du Golan et autorisait la création d’un État palestinien avec une capitale à Jérusalem-Est.
« In fine, nous ne sommes pas en guerre avec Israël, mais les Israéliens occupent les Palestiniens », a ajouté al-Thani. « Tout accord [d’une nation arabe] avec les Israéliens ne représente donc pas la paix, qui ne peut être représentée qu’entre eux et les Palestiniens. »
Le Qatar et Israël n’entretiennent actuellement aucune relation diplomatique. L’année dernière, cependant, les deux nations ont coopéré pour permettre aux visiteurs israéliens d’assister à la Coupe du monde de football, notamment en autorisant les tout premiers vols charters directs entre l’aéroport Ben Gurion et Doha.
Jérusalem s’est engagé auprès de Doha à accorder des autorisations pour la distribution de l’aide qatarie dans la Bande de Gaza, mais les détails de ces contacts sont rarement confirmés publiquement. Le Qatar avait accueilli un bureau commercial israélien de 1995 à 2000, mais il est peu probable qu’il rejoigne les autres États du Golfe pour établir des liens complets avec Israël, en raison de ses propres relations avec l’Iran.
Dans le discours qu’il a prononcé vendredi à Singapour sous les auspices de l’Institut international d’études stratégiques, al-Thani a également évoqué le rôle joué par son pays – qui entretient des relations étroites avec les États-Unis – dans la conclusion d’accords régionaux.
Décrivant le Qatar comme « un petit État dans un voisinage turbulent », le Premier ministre a déclaré que Doha « se concentre sur la facilitation de la paix pour renforcer la paix et la sécurité internationales – c’est l’un des principaux piliers de notre politique étrangère depuis plus de 25 ans ».
Il a également vanté le rôle de médiateur joué par le Qatar entre l’Iran et les États-Unis dans le cadre de leur récent accord d’échange de prisonniers.
Al-Thani a souligné que la position unique de son pays lui a permis d’ouvrir des « canaux de communication fiables » entre les nations en guerre, « ce qui a débouché sur des cessez-le-feu, des dialogues et des accords de paix et de sécurité d’une importance vitale ».
En raison de ses liens étroits avec le groupe terroriste palestinien du Hamas, le Qatar a souvent joué un rôle dans l’instauration de cessez-le-feu entre Israël et Gaza à la suite de flambées de violence.