Les manifestants exigent la poursuite de la trêve et le retour de tous les captifs
À Tel Aviv et à Jérusalem, des parents d'otages exhortent Donald Trump à faire pression sur Benjamin Netanyahu pour assurer les phases 2 et 3, et fustigent les opposants à l'accord

Des manifestations hebdomadaires pour la libération des otages détenus par des terroristes à Gaza ont eu lieu samedi soir à Tel Aviv et à Jérusalem. Des militants et des parents de captifs ont salué le cessez-le-feu en vigueur depuis une semaine, qui a déjà permis la libération de sept femmes otages, et ont exhorté le gouvernement à maintenir le cessez-le-feu pendant sa deuxième phase afin de garantir le retour de tous les otages.
Les manifestations ont eu lieu après que le groupe terroriste palestinien du Hamas a libéré samedi matin quatre soldates de l’armée israélienne qui avaient été enlevées le 7 octobre 2023 et détenues à Gaza pendant 477 jours : Karina Ariev, Daniella Gilboa, Naama Levy et Liri Albag. Six jours plus tôt, dans le cadre de l’accord naissant, le Hamas avait libéré trois femmes otages civiles : Romi Gonen, Doron Steinbrecher, et Emily Damari.
Les rassemblements de samedi soir étaient les premières manifestations hebdomadaires depuis la conclusion du cessez-le-feu et le début des libérations.
Avant les rassemblements, les familles des otages ont fait une déclaration à la presse, célébrant les quatre soldates libérées plus tôt dans la journée et appelant le président américain Donald Trump à empêcher le Premier ministre Benjamin Netanyahu d’interrompre l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages avant qu’il ne soit pleinement achevé.
Israël et le Hamas se sont mis d’accord sur une première phase d’une durée de 42 jours qui prévoit la libération de 33 otages « humanitaires » (femmes, mineurs, personnes âgées, malades et blessés) en échange de centaines de prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël, dont des meurtriers condamnés. Les deux parties ont convenu d’entamer des pourparlers sur la deuxième phase deux semaines après l’entrée en vigueur de la trêve, soit dès le 16ᵉ jour.
Les deuxième et troisième phases, si elles sont mises en œuvre, verraient le retrait total d’Israël de la bande de Gaza, un cessez-le-feu permanent et le retour de tous les otages, mais entraîneraient probablement l’effondrement de la coalition Netanyahu. Itamar Ben Gvir, un partenaire d’extrême droite du Premier ministre au sein de la coalition, a déjà quitté le gouvernement à cause de l’accord, et le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a menacé de faire de même si Israël ne reprenait pas les combats après la première phase.

Einav Zangauker, la mère de l’otage Matan Zangauker, dont la libération n’est pas prévue dans la première phase, a demandé à Netanyahu de « s’adresser au peuple et de s’engager à mettre en œuvre l’accord dans son intégralité ».
Elle a également demandé à Trump « d’exiger que M. Netanyahu mette en œuvre l’accord dans son intégralité et entame immédiatement des négociations sur la deuxième phase ».
Itzik Horn, dont le fils Yaïr devrait être libéré au cours de la première phase de l’accord et dont l’autre fils Eitan ne le sera pas, a également demandé l’ouverture immédiate des discussions sur la prochaine phase de l’accord. « Nous devons ramener tout le monde au cours de la deuxième phase », a-t-il déclaré.
« L’agonie des otages, des familles et de toute une nation ne s’arrêtera pas tant qu’ils ne seront pas tous de retour », a-t-il souligné.

Yifat Calderon, dont le cousin Ofer Calderon ne sera lui aussi libéré que dans une phase ultérieure, a déclaré qu’Israël « ne doit pas laisser Smotrich et Ben Gvir, les extrémistes qui veulent enterrer les otages, faire échouer l’accord ».
« Il est dans l’intérêt d’Israël de mettre fin à la guerre et de ramener tout le monde », a-t-elle ajouté.
Les ministres partisans de la ligne dure ont souvent évoqué le sacrifice des soldats tombés lors de la guerre de Gaza, affirmant qu’y mettre fin avant que le Hamas ne soit totalement vaincu reviendrait à salir leur mémoire et signifierait qu’ils sont morts en vain.
Yotam Cohen, frère du soldat captif Nimrod Cohen – qui ne sera lui aussi libéré que dans un deuxième temps – a accusé Smotrich « d’utiliser cyniquement les soldats de Tsahal tombés au combat pour des besoins politiques » en « daignant parler au nom des soldats qui ont payé de leur vie » dans ses déclarations contre l’accord.
Smotrich a également mis l’accent sur le risque de futures morts imputables aux milliers de terroristes palestiniens et de prisonniers de sécurité qu’Israël libère en échange des otages dans le cadre de cet accord. Les détracteurs de cet échange soulignent que Yahya Sinwar, instigateur du pogrom du 7 octobre 2023 perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, était l’un des prisonniers palestiniens libérés lors du dernier accord de ce type, lorsqu’Israël avait libéré 1 027 prisonniers en échange du soldat franco-israélien Gilad Shalit, en 2011.
« Comment osez-vous parler des soldats de combat alors que vous condamnez mon frère, un combattant, à pourrir dans l’enfer de Gaza ? », a demandé Cohen.
« Comment osez-vous parler au nom des soldats de Tsahal tombés au combat alors que, par vos actions, vous condamnez à la mort des soldats et des civils qui seront laissés sur place ? »
Tel Aviv a assisté à ses premiers rassemblements d’otages depuis la libération de sept femmes captives dans le cadre du cessez-le-feu à Gaza et de libération des otages qui est entré en vigueur dimanche.
La façade du bâtiment de la municipalité est illuminée par le mot « héroïnes », accueillant les quatre soldates qui ont été libérés des geôles du groupe terroriste palestinien du Hamas – la deuxième libération de la première phase de 42 jours de l’accord naissant.
Le mot clignotait par intermittence avec un graphique représentant une main bandée avec le pouce, l’index et l’auriculaire en extension, en l’honneur d’Emily Damari, survivante de la captivité, qui a arboré le symbole « rock-on » devant ses partisans après son retour en Israël dimanche, révélant qu’elle avait perdu deux doigts lorsque des terroristes lui avaient tiré dessus le 7 octobre 2023.
The Tel Aviv Municipality building in Israel lights up with the word “Heroines” alongside an image of Emily Damari's hand—a powerful symbol of the resilience and strength of Israeli women, as Emily, Doron, Romi, Liri, Karina, Naama, and Daniella have been released after enduring… pic.twitter.com/56GuXitPvn
— StandWithUs (@StandWithUs) January 25, 2025
À quelques rues de la municipalité, sur la Place des Otages, lors du rassemblement central du Forum des familles des otages, Ayelet Samerano, la mère de l’otage assassiné Jonathan Samerano, a salué « l’amour infini » que les familles d’otages ont reçu.
Jonathan a été enlevé au festival de musique Nova de la région de Reïm par un terroriste qui était également un assistant social de l’Office très controversé de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA). Jonathan a été assassiné en captivité par le Hamas. Son corps et ceux de la plupart des autres otages tués ne seront restitués que dans une phase ultérieure. De nombreuses familles d’otages craignent que l’accord ne s’effondre bien avant.
« Chaque otage est un monde entier », a rappelé Ayelet, s’adressant à une foule de plusieurs centaines de personnes.
« Je le clame du fond de mon cœur : il n’y a pas de place pour les calculs. Chacun [des otages] doit être ramené à la maison, peu importe qui il est, où il se trouve ou quel est son état. »

« À l’intention du gouvernement d’Israël et de l’ensemble de la Knesset : n’arrêtez pas l’accord », a-t-elle martelé.
Lors d’une autre manifestation anti-gouvernement et en faveur de la libération des otages qui s’est déroulée devant l’entrée des quartiers généraux de l’armée de la Kirya, rue Begin, à Tel Aviv, Shaï Mozes, neveu de l’otage Gadi Mozes, a déclaré à une foule d’un millier de personnes que les militants « ne doivent pas se laisser emporter par l’euphorie » suscitée par la libération des otages.
« Nous devons rester vigilants », a souligné Shaï.
« Aujourd’hui encore, des ministres du gouvernement et des porte-parole dans les médias consacrent leur énergie à faire échouer l’accord. »
La foule a ri.
Shaï a accusé Smotrich « d’être déterminé à condamner à mort tous les otages qui n’ont pas encore été sauvés ».
Naama Zoref, dont les parents Rafi et Helena Halevi ont été tués en 2006 lors d’un attentat terroriste à l’extérieur de Kedumim, dans le nord de la Cisjordanie, a également pris la parole lors de la manifestation. Deux personnes arrêtées pour cet attentat figuraient parmi les candidats à la libération dans le cadre de l’accord très controversé conclu en 2011 pour le retour de Shalit. À l’époque, a précisé Naama, elle avait protesté contre cet accord.
« Depuis, je me suis rendue compte que la vie est plus complexe, et aujourd’hui, je proteste ici avec vous en faveur d’un accord visant à ramener tous les otages », a déclaré Naama.

« C’est un accord qui doit être mis en œuvre dans son intégralité. Nous n’avons pas d’autre choix. »
Elle a indiqué que si cela ne tenait qu’à elle, elle libérerait elle-même les assassins de ses parents « et porterait, comme une couronne, le privilège d’avoir sauvé la vie » des otages.
On ne sait pas si les assassins de ses parents devraient être libérés dans le cadre de l’accord actuel de cessez-le-feu et de libération des otages.
Contrairement aux semaines précédentes, où les orateurs prononçaient leurs discours depuis le pont suspendu, la manifestation de samedi rue Begin s’est déroulée sur une scène sonorisée, en face de l’entrée des quartiers généraux de Tsahal. Les manifestants ont scandé : « Nous n’abandonnerons pas tant que tout le monde ne sera pas rentré ! »
בגין עכשיו pic.twitter.com/mm3TzEoOGy
— Yonathan Lerner (@ylerner) January 25, 2025
Après la fin de la manifestation de la rue Begin, une colonne de manifestants s’est dirigée vers la Place Dizengoff, dans le centre-ville.
Des manifestants se sont également rassemblés devant la résidence de Netanyahu à Jérusalem, appelant de la même manière son gouvernement à mettre pleinement en œuvre l’accord.
Les manifestants ont scandé « Continuer l’accord, arrêter la guerre » au son des roulements de tambour.
Près de la scène principale du rassemblement, de jeunes militants, assis sur le trottoir, les yeux bandés de jaune, tenaient des affiches d’otages toujours détenus par le Hamas.

Quatre autres militants se tenaient au-dessus de ceux qui étaient au sol. Deux filles se sont serrées l’une contre l’autre tandis que les autres les ont entourées d’un cadre sur lequel on pouvait lire : « Voici la photo de la victoire. »
Lors du rassemblement à Jérusalem, les orateurs ont adopté un ton prudemment optimiste.
« Liri, Daniella, Naama, Karina et Agam faisaient partie des soldats qui nous ont protégés ce matin-là [le 7 octobre]. Aujourd’hui, nous avons réussi à ramener quatre d’entre eux », a déclaré Shaï Dickman, cousin de l’otage exécutée dans les tunnels du Hamas cet été, Carmel Gat.
Agam Berger, une autre soldate de surveillance enlevée par le Hamas le 7 octobre 2023, est toujours retenue en captivité à Gaza et devrait être libérée le week-end prochain.

« Maintenant que la lutte commence à porter ses fruits, nous ne lâcherons pas l’accélérateur », a affirmé Shaï.
L’un des organisateurs de la manifestation a rappelé à la foule que « la deuxième phase de l’accord n’est toujours pas assurée ; nous entendons constamment des menaces selon lesquelles elle n’aura pas lieu ».
Ella Mor, dont la nièce Avigaïl Idan n’avait que trois ans lorsqu’elle a été enlevée par le Hamas le 7 octobre 2023 et libérée cinq semaines plus tard, a déclaré que les opposants à l’accord de libération d’otages trahissaient les « valeurs fondamentales d’Israël et du peuple juif ».
« Nous nous battons pour vivre, nous ne vivons pas pour combattre », a-t-elle déclaré, exhortant le gouvernement Netanyahu à poursuivre la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu.
On estime que 87 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre 2023 se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 34 otages dont le décès a été confirmé par l’armée israélienne.
Fin novembre 2023, le Hamas avait relâché 105 civils lors d’une trêve d’une semaine. Quatre otages avaient été remises en liberté précédemment. Huit otages vivants ont été secourus par les soldats et les dépouilles de 40 otages ont été récupérées, notamment celles de trois Israéliens qui ont été tués accidentellement par Tsahal.
Le groupe terroriste palestinien détient également deux civils israéliens entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que le corps d’un soldat de Tsahal tué en 2014. Le corps d’un autre soldat de Tsahal, également tué en 2014, a récemment été récupéré à Gaza lors d’une opération militaire israélienne secrète.