« Arrêtez de nous raconter des conneries » : Les manifestants bloquent Ayalon et exigent un accord pour les otages
Les pourparlers étant gelés, Washington se dit prêt à garantir la poursuite de la guerre contre le Hamas même si un accord est conclu, mais ne s'y engagerait qu'une fois l'accord signé
Des parents d’otages et des dizaines de manifestants ont bloqué la circulation en direction du sud sur l’autoroute Ayalon de Tel Aviv mardi, protestant contre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu et exigeant un accord avec le Hamas pour libérer les otages que le groupe terroriste palestinien détient dans la bande de Gaza.
Cette manifestation a eu lieu alors que Netanyahu est accusé d’avoir fait échouer les pourparlers menés par les États-Unis, l’Égypte et le Qatar en vue d’obtenir la libération des otages, qui ont été enlevés en Israël par des terroristes lors du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre contre Israël, lors duquel près de 1 200 personnes ont été assassinées, pour la plupart des civils, et 251 autres enlevées et emmenées de force dans la bande de Gaza.
Une proposition encore en discussion il y a peu prévoit trois phases au cours desquelles Israël mettrait fin à son opération militaire à Gaza et le Hamas libérerait les otages. Netanyahu a insisté pour qu’Israël conserve le droit de reprendre les combats après la première phase, au cours de laquelle des négociations délicates seraient menées sur les phases restantes. Des médias israéliens ont affirmé lundi que les États-Unis étaient prêts à garantir cette stipulation, ce qui permettrait de lever une objection israélienne majeure à la conclusion de l’accord.
Sur Ayalon, une artère clé de Tel Aviv, les manifestants ont bloqué la circulation en scandant : « Netanyahu abandonne [les otages], Netanyahu n’est pas apte [à servir]. »
Les manifestants ont brandi une banderole en anglais sur laquelle on pouvait lire : « Stop bullshitting us » (« Arrêtez de nous raconter des conneries »), en référence au terme qui aurait été utilisé par le président américain Joe Biden lors d’un récent appel avec le Premier ministre, alors qu’il discutait de l’accord de « trêve contre libération d’otages ».
La police est arrivée pour dégager les manifestants au bout d’une quinzaine de minutes et la circulation a repris.
Dans un communiqué, les organisateurs ont déclaré : « Tous les chefs de l’establishment de la sécurité et le président des États-Unis disent – Premier ministre, arrêtez de nous raconter des conneries. »
« Un pays entier est anxieux et s’attend à une guerre régionale », poursuit le communiqué, faisant référence à une attaque directe iranienne attendue, peut-être en conjonction avec le groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah, suite à l’assassinat du chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran la semaine dernière, que l’Iran a imputé à Israël, et à l’assassinat du commandant de la branche armée du Hezbollah, Fouad Shukr, revendiqué par Jérusalem.
« Il est impossible de continuer à vivre dans un pays sans gouvernail, il est impossible de lancer une autre opération [militaire] avant que [les otages] ne rentrent chez eux », poursuit le communiqué, évoquant les craintes qu’une réponse iranienne ne déclenche une guerre régionale.
Yehud Cohen, père de l’otage Nimrod Cohen, 19 ans, et Shay Mozes, neveu de l’otage Gadi Moshe Mozes, 79 ans, figuraient parmi les participants à la manifestation, selon Walla.
כעת: משפחות חטופים ופעילות מחאת הנשים להחזרת החטופות והחטופים חוסמות את איילון דרום סמוך למחלף לה גארדיה. המפגנים אוחזים בשלט מחאה עליו נכתב Stop Bullshitting Us
@N12News pic.twitter.com/NL6v1ioGFs— אור רביד | Or Ravid (@OrRavid) August 6, 2024
"מדינה לא מנוהלת": משפחות חטופים ומחאת הנשים חוסמות את איילון דרום סמוך למחלף לה גארדיה pic.twitter.com/AjDB4YvIzF
— i24NEWS (@i24NEWS_HE) August 6, 2024
« Nous nous efforçons de maintenir la question des personnes enlevées au rang de priorité », a déclaré Cohen à Walla. « J’ai besoin de retrouver mon fils vivant et c’est le seul moyen. Le gouvernement s’en moque, Netanyahu ne se soucie que de son intérêt personnel. »
Les négociations actuelles en vue d’un accord reposent sur une proposition israélienne soumise le 27 mai, qui a ensuite été présentée publiquement par Biden, mais à laquelle s’opposent avec véhémence les alliés d’extrême droite de Netanyahu, qui insistent sur la poursuite de la guerre à Gaza jusqu’à ce que le Hamas soit totalement anéanti.
La proposition prévoit trois phases. Au cours de la première étape, qui devrait durer six semaines, le Hamas libérerait toutes les femmes otages, y compris les soldates, ainsi que les hommes de plus de 50 ans et les civils malades ou blessés. En contrepartie, Israël libérerait les centaines de prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël. Une accalmie des combats s’amorcerait également.
Au cours de cette phase, des négociations indirectes s’engageront sur les détails de l’échange qui aura lieu au cours de la deuxième phase, lorsque les soldats et les autres hommes seront libérés, également en échange de prisonniers de sécurité palestiniens. Le cessez-le-feu doit se poursuivre pendant les pourparlers. Au cours de la deuxième phase, Israël se retirerait de la bande de Gaza et la fin définitive des hostilités serait annoncée. La troisième phase porte sur la libération par le Hamas des restes des otages décédés et sur la reconstruction de la bande de Gaza.
Plusieurs médias israéliens ont relayé lundi que les États-Unis étaient prêts à garantir à Israël qu’il serait en mesure de reprendre les combats contre le groupe terroriste palestinien à Gaza à l’issue de la première phase d’une éventuelle trêve et d’une libération des certains otages, afin de faire pression sur le Hamas pour qu’il les libère tous.
Selon les quotidiens Yedioth Ahronoth et Haaretz, Washington n’a pas encore donné de garantie écrite, comme le demande Jérusalem, mais a accepté en principe d’en donner une si un accord se concrétisait.
Haaretz a indiqué, sous couvert d’anonymat, qu’Israël considérait la reprise des combats comme son principal moyen de pression sur le Hamas, afin que le groupe terroriste libère tous les otages et ne retienne pas les soldats comme boucliers humains pour son chef, Yihya Sinwar, et d’autres chefs.
Le mois dernier, le Hamas a déclaré qu’il renonçait à exiger d’Israël qu’il s’engage d’emblée à mettre fin à la guerre, mais qu’il cherchait toujours à obtenir des médiateurs l’engagement qu’Israël continuerait à négocier un cessez-le-feu permanent au cours de la première phase.
Toutefois, les articles publiés lundi indiquent qu’Israël souhaite qu’un accord établisse clairement qu’il peut reprendre la lutte contre le Hamas à un stade ultérieur afin de maintenir la pression sur le groupe terroriste.
Yedioth Ahronoth a rapporté que, lors d’une réunion la semaine dernière entre Netanyahu et les chefs de la sécurité sur l’affaire des otages, le Premier ministre avait expliqué les retards dans la conclusion d’un accord en disant qu’il attendait de recevoir l’engagement de Washington par écrit afin de pouvoir le présenter au peuple israélien.
Alors que les esprits s’échauffaient, Netanyahu aurait réprimandé ses chefs de la sécurité alors qu’ils s’efforçaient de parvenir à un accord, tapant sur la table et leur disant qu’ils étaient de piètres négociateurs, une affirmation démentie par la suite par le bureau du Premier ministre.
La réunion a eu lieu après la frappe israélienne à Beyrouth qui a tué Shukr mardi soir et après l’assassinat de Haniyeh à Téhéran tôt mercredi matin.
À la fin du mois dernier, Israël a soumis sa dernière proposition d’accord. Cependant, Netanyahu a formulé de nouvelles exigences, ce qui le met en porte-à-faux avec les chefs de la sécurité qui affirment qu’elles feront échouer l’accord qu’ils le pressent d’accepter.
Pour le moment, les pourparlers sur les otages ont été suspendus jusqu’à la fin de l’attaque attendue de l’Iran et jusqu’à ce que le Hamas puisse nommer un nouveau chef pour remplacer Haniyeh, ont indiqué lundi au Times of Israel deux fonctionnaires au fait de la question.
On estime que 111 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouvent toujours à Gaza, y compris les corps de 39 otages dont le décès a été confirmé par l’armée. Deux autres personnes et deux corps de soldats retenus en otage avant la guerre se trouvent également à Gaza.
105 civils ont été libérés des geôles du groupe terroriste au cours d’une trêve d’une semaine, fin novembre. Quatre captives avaient été remises en liberté précédemment. Sept otages vivants ont été secourus par les soldats et les corps de 24 otages ont été récupérés, notamment ceux de trois Israéliens tués accidentellement par l’armée.
Une personne est encore portée disparue depuis le 7 octobre. Son sort reste indéterminé.
Le Hamas détient également les corps sans vie de deux soldats tombés au combat, Oron Shaul et Hadar Goldin, depuis 2014, ainsi que deux civils israéliens, Avera Mengistu et Hisham al-Sayed, qui seraient encore en vie après être entrés dans la bande de leur propre gré en 2014 et en 2015.