Les pilotes à l’entraînement après le gel de la réforme, mais restent vigilants
Le groupe "Frères d'armes" affirme qu'il croit aux actions, pas aux mots, et qu'il se tient prêt à renouveler les actions en cas de besoin

Les dirigeants du mouvement de protestation des pilotes réservistes contre la réforme du système judiciaire du gouvernement ont annoncé mardi qu’ils reprendraient l’entraînement et les activités opérationnelles après que le processus législatif tant controversé a été suspendu, mais ont indiqué qu’ils restaient vigilants au cas où il serait relancé.
Vendredi dernier, environ 200 pilotes de réserve, qui pilotent des missions de combat, des hélicoptères et des avions de transport, ont informé leurs unités qu’ils ne se présenteraient pas à la session de vol hebdomadaire cette semaine en signe de protestation contre les plans du gouvernement. Samedi, près de 1 000 pilotes retraités de l’armée de l’Air se sont engagés à soutenir le personnel de réserve.
Le fait de ne pas se présenter aux vols d’entraînement hebdomadaires aurait eu de graves conséquences, car les pilotes qui ne s’y seraient pas présentés n’auraient pas pu être certifiés pour effectuer des missions opérationnelles.
Samedi soir, le ministre de la Défense, Yoav Gallant, a exhorté le gouvernement à stopper la législation de refonte judiciaire, en invoquant le danger pour la sécurité nationale si elle se poursuit. Gallant a ensuite été limogé dans la nuit de dimanche à lundi, ce qui a déclenché des manifestations et des grèves sans précédent dans tout le pays, obligeant le Premier ministre Benjamin Netanyahu à annoncer lundi soir qu’il reportait la réforme jusqu’en mai afin de permettre un dialogue avec l’opposition sur une réforme consensuelle.
Mardi matin, le groupe « Frères d’armes » a pris la parole. « Selon le Premier ministre, cette interruption a été décidée dans l’intention de donner du temps aux négociations. Nous – comme la majorité de la population – ne croyons pas aux paroles, nous ne croyons pas qu’il y ait une réelle intention de parvenir à un accord consensuel. Nous ne croyons qu’aux actes », selon le communiqué.
« En même temps, en tant que volontaires de réserve qui avons protégé le pays chaque fois que nous avons été appelés, et après une profonde réflexion et un sens de la responsabilité nationale pour l’unité du peuple, nous avons décidé de donner une chance au processus de négociation », a déclaré le groupe.
« Nous sommes prêts et organisés pour reprendre la protestation en un court laps de temps si nécessaire. Frères d’armes reprendra immédiatement et avec force les actions de protestation s’il s’avère que le temps alloué aux négociations est cyniquement utilisé pour porter atteinte à la démocratie », ont précisé les protestataires.
En outre, le site d’information Walla a cité l’un des dirigeants du mouvement de protestation des pilotes qui a déclaré que, bien que les manifestations aient été interrompues, la lutte n’est pas terminée et les pilotes restent prêts à renouveler leurs action de protestation, car leur confiance dans le gouvernement a été terriblement ébranlée.
« Le discours d’hier [de Netanyahu] n’a pas encouragé à l’unité et à la réconciliation », a-t-il déclaré à Walla. « Il a simplement annoncé une pause. Mais nous faisons entièrement confiance aux commandants militaires, au chef de l’armée de l’Air et au chef d’état-major. »
« Nous retournons au combat pour ce qui doit être défendu – l’État – mais nous gardons un œil ouvert pour défendre la démocratie. »
Pendant ce temps, le chef d’état-major de Tsahal, Herzi Halevi, s’est rendu sur la base aérienne de Ramat David et s’est entretenu avec des pilotes et des techniciens, a rapporté la radio de l’armée.

Des centaines d’officiers de l’armée de l’Air et de réservistes militaires se sont joints aux manifestations de ces dernières semaines contre les efforts de la coalition radicale pour restreindre dramatiquement le pouvoir de la Haute Cour de justice, déclarant qu’ils ne se présenteraient pas au travail si la réforme était adoptée. Une grande partie des réservistes protestataires avaient déjà cessé de se présenter au travail, ce qui a intensifié la pression sur le gouvernement.
Cette tendance a suscité de vives craintes au sein des services de sécurité, qui ont averti Netanyahu que la capacité opérationnelle de Tsahal était menacée.
De plus en plus de réservistes – qui sont un élément clé des activités de routine de l’armée, y compris au sein des unités supérieures – ont averti qu’ils ne pourraient pas servir dans un Israël non démocratique, ce que le pays deviendrait, selon eux, avec le projet du gouvernement.
En outre, des soldats ont exprimé leur inquiétude quant au fait qu’un manque de confiance internationale dans l’indépendance du système judiciaire israélien pourrait les exposer à des poursuites devant des tribunaux internationaux pour des actions qu’ils ont reçu l’ordre d’exécuter pendant leur service.
Les hauts gradés de l’armée ont insisté sur le fait que les services armés devaient rester à l’écart de toute querelle politique, mais de nombreux articles ont indiqué que le phénomène ne faisait que s’amplifier.
Dans son discours de lundi, Netanyahu a consacré une grande partie de son temps à la condamnation des militaires dissidents, déclarant que « le refus de servir entraînerait la fin de notre pays ».
Emanuel Fabian a contribué à cet article.