Riskified retire 500 M de $ d’Israël et propose aux employés de travailler à l’étranger
Le PDG, Eido Gal, craint des limites de transferts de fonds ; certains employés seront relocalisés au Portugal, tandis que d'autres bénéficieront d'aides s'ils décident de déménager

La licorne israélienne Riskified a annoncé mercredi qu’elle allait transférer 500 millions de dollars hors du pays et offrir un nombre limité de « forfaits relocalisation » aux membres de son personnel qui seraient intéressés.
Le PDG et co-fondateur de la société de prévention des fraudes, Eido Gal, a déclaré dans un courriel adressé à son personnel que la société va transférer ses fonds, qui représentent en soi « la totalité des réserves de la firme en Israël », en raison de la crainte que le gouvernement ne commence à imposer des restrictions sur les transferts d’argent.
« Nous craignons qu’à mesure que la situation financière ne se détériore et afin de maintenir la stabilité financière, le gouvernement ne limite les transferts et les retraits de sommes importantes », a écrit Gal dans le courriel adressé – en anglais – à l’ensemble de son personnel.
« Les lois adoptées peuvent conduire au démantèlement de notre système judiciaire indépendant », a écrit Gal.
« Cela entraînera vraisemblablement une récession économique significative et prolongée en Israël. Plus important encore, Israël passera d’une démocratie aux valeurs libérales à un État plus autoritaire. Je pense que cette ‘réforme’ n’aura que de mauvaises répercussions », a-t-il écrit.
Gal a également indiqué que l’entreprise allait étendre ses activités de recherche et de développement (R&D) au Portugal et qu’il existait des possibilités de relocalisation pour les membres du personnel.
« Nous disposons d’un nombre limité de forfaits de relocalisation, mais nous pouvons également aider les personnes qui souhaitent déménager de leur propre chef », a déclaré Gal.

Riskified a été l’une des premières entreprises du secteur high-tech à apporter publiquement son soutien aux manifestations, en autorisant explicitement ses employés à participer aux grèves et aux manifestations contre la réforme du système judiciaire largement controversée.
Gal a réaffirmé que les membres de son personnel seraient autorisés à continuer à manifester sans que cela ne soit déduit de leurs jours de congés payés.
Selon ses détracteurs, ce projet portera profondément atteinte au caractère démocratique d’Israël en bouleversant son système d’équilibre des pouvoirs, en accordant presque tous les pouvoirs à la coalition et en laissant les droits individuels sans protection et les minorités sans défense.
L’annonce de Riskified survient un jour après que l’agence de notation Moody’s a déclaré que les propositions du gouvernement pourraient affaiblir la force institutionnelle du pays et affecter négativement ses perspectives économiques.

Cet avertissement est le dernier en date envoyé par le milieu des affaires, qui craignent que les projets du gouvernement n’entravent la poursuite des investissements dans le pays, des rapports indiquant que certains investisseurs ont déjà commencé à réduire ou à geler complètement les flux financiers vers Israël.
Le rapport de l’agence a mis en évidence le secteur crucial d’Israël de la high-tech, qui représente environ la moitié de toutes les exportations et un quart de l’impôt sur le revenu, et qui dépend de l’investissement étranger.
Moody’s a également déclaré que les partisans de la ligne radicale du gouvernement Netanyahu qui encouragent l’expansion de la présence juive en Cisjordanie pourraient nuire aux relations avec les pays arabes voisins, ce qui pourrait avoir un impact économique négatif.
Moody’s est l’une des principales agences internationales de notation de crédit utilisées par les banques et autres institutions financières pour évaluer le risque d’investissement.
La semaine dernière, Fitch Ratings avait confirmé la note de crédit A+ d’Israël avec une perspective stable, citant l’économie « diversifiée et résiliente » du pays, mais a également averti que les changements judiciaires prévus par le gouvernement pourraient avoir un « impact négatif » sur le profil de crédit du pays.
En outre, des centaines d’économistes israéliens ont lancé la semaine dernière un nouvel avertissement selon lequel un effondrement financier pourrait se produire de manière plus « puissante et plus rapide » qu’ils ne l’avaient initialement prévu, en rédigeant une « lettre d’urgence » avertissant que le remaniement judiciaire proposé par le gouvernement pourrait avoir de graves conséquences.
Le mois dernier, le fondateur de Verbit, l’une des licornes les plus prospères d’Israël, a déclaré qu’il quittait le pays et cesserait de payer des impôts à l’État d’Israël en signe de protestation contre la refonte judiciaire prévue par le nouveau gouvernement de Benjamin Netanyahu.
Le PDG de Verbit, Tom Livne, dont la société de logiciels de transcription et de sous-titrage hybrides, basés sur l’intelligence artificielle et l’intervention humaine, a été évaluée à 2 milliards de dollars lors de son dernier tour de financement fin 2021, avait déclaré à la Douzième chaîne qu’il encourageait d’autres cadres technologiques de premier plan à suivre son exemple.
La star-tup israélienne de cyber-sécurité Wiz, qui a levé 300 millions de dollars à une valeur de 10 milliards de dollars lors de son dernier tour de financement privé, a déclaré le mois dernier que le capital ne serait pas investi en Israël en raison de l’incertitude entourant le système judiciaire du pays.