Un député du Likud appelle à la prière juive sur le mont du Temple
Bien qu'en désaccord avec Benjamin Netanyahu sur plusieurs points, Amit Halevi insiste sur le fait que le Premier ministre est un "héros" dont la coalition mérite d'être soutenue
La semaine dernière, le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir s’est rendu sur le mont du Temple et, pour la troisième fois en autant de mois, et a déclaré la fin du statu quo de longue date régissant le site ultra-sensible de Jérusalem.
Alors que les Juifs orthodoxes priaient bruyamment, le chef du parti d’extrême-droite Otzma Yehudit a contesté l’autorité du Premier ministre Benjamin Netanyahu, déclarant que la « politique du gouvernement est d’autoriser la prière ».
Il a immédiatement été rabroué par Netanyahu, qui a réaffirmé son soutien aux restrictions imposées au culte juif sur le site où se tenaient autrefois les deux Temples juifs et qui abrite aujourd’hui le Dôme du Rocher et la mosquée Al Aqsa.
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Cependant, tous les membres du parti de Netanyahu n’étaient pas d’accord avec le Premier ministre, plusieurs élus du Likud ayant exprimé leur soutien à la position de Ben Gvir, notamment le député Amit Halevi, qui faisait partie des plus de 1 600 Israéliens juifs à se rendre sur le mont du Temple lors du jeûne de Tisha BeAv commémorant la destruction des deux Temples bibliques la semaine dernière.
Le nationaliste-religieux Halevi a déclaré aux journalistes qu’il était monté sur le mont pour prier « pour la victoire dans la guerre » déclenchée par le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre.
« C’est une guerre pour le mont du Temple, pour Dieu, contre un ennemi qui, au nom de la religion, remplit le monde de meurtres, de barbarie et de mal face à la culture israélienne et à son appel à la justice, à la vérité, à la moralité et à la miséricorde depuis le mont du Temple », a-t-il déclaré.
Interviewé récemment par le Times of Israel dans son bureau de la Knesset, Halevi – qui avait précédemment proposé de diviser le site sacré entre les fidèles musulmans et les fidèles juifs – a souligné la place centrale du mont du Temple dans la guerre actuelle menée contre le Hamas à Gaza.
« Je pense que la prière sur le mont du Temple est très importante parce que la vraie guerre est ici », a-t-il soutenu, insistant sur le fait qu’Israël se battait contre des « musulmans radicaux » et de « vrais infidèles » qui agissent selon « la vision religieuse des Frères musulmans sunnites ou du régime des ayatollahs chiites ».
Le mont du Temple représente « la paix mondiale, la justice, la vérité, la moralité [et] c’est la vraie réponse », a poursuivi Halevi, précisant qu’il n’avait pas coordonné sa visite avec Ben Gvir et repoussant les arguments selon lesquels les visites juives sont une provocation.
« Nous sommes dans un État souverain juif. Et si un membre de la Knesset ou un ministre se rend sur le lieu le plus sacré du peuple juif, le mont du Temple, il est inacceptable de mon point de vue que quelqu’un dise : ‘Cela va pousser les non-Juifs à vous tuer, les musulmans à vous tuer.’ C’est ridicule », a déclaré Halevi.
« Je ne sais pas si c’est une question très centrale au sein du Likud, mais j’espère que de plus en plus de gens comprennent qu’il s’agit de la guerre pour Al Aqsa, comme ils l’appellent eux-mêmes », a-t-il poursuivi, notant que le Hamas a baptisé son assaut barbare et sadique sur le sud d’Israël il y a dix mois « Déluge d’al-Aqsa« .
« Ils comprennent donc qu’il s’agit d’une guerre de religion. Si nous cachons cette dimension, nous ne ferons que l’accroître de plus en plus. Et nous devons dire, d’accord, il s’agit d’une guerre religieuse », a-t-il déclaré.
Échec des objectifs d’Israël
Halevi est également en désaccord avec Netanyahu sur toute une série d’autres questions, en particulier sur la manière dont la guerre à Gaza est menée et sur les conditions nécessaires pour qu’Israël signe un accord de « trêve contre libération d’otages » avec le groupe terroriste palestinien.
Jeudi dernier, il faisait partie des dix députés du Likud qui ont signé une lettre adressée au Premier ministre et formulant un certain nombre de demandes, notamment qu’Israël conserve le contrôle du corridor dit de « Philadelphi », qui sépare l’Égypte de la bande de Gaza – point sur lequel Netanyahu a insisté à de multiples reprises au cours des dernières semaines.
Dans une missive envoyée quelques semaines plus tôt, Halevi et d’autres parlementaires du parti au pouvoir avaient déclaré qu’ils refuseraient de soutenir l’accord en cours de discussion s’il n’était pas modifié de manière significative. Il a également déclaré à la chaîne de la Knesset que « Tsahal n’a pratiquement rien accompli de stratégique dans la bande de Gaza ».
Lors d’un précédent entretien téléphonique expliquant son soutien à la lettre, Halevi avait affirmé qu’Israël devait établir un contrôle total sur la bande de Gaza afin d’empêcher le Hamas de revenir au pouvoir et avait assuré qu’il « ne ferait pas partie d’une coalition qui retire nos soldats de Philadelphi ».
Poursuivant dans cette veine lors de l’interview accordée à la chaîne de la Knesset, Halevi a soutenu que pour vaincre « un État terroriste » dont les résidents ont subi près de vingt ans « d’endoctrinement extrême », il est nécessaire de « maîtriser l’infrastructure », en particulier en ce qui concerne l’éducation et la religion, afin de mettre en œuvre une sorte de plan de « déradicalisation ».
En outre, Israël doit prendre le contrôle de « l’énergie, du gaz, de l’électricité, de la nourriture, de l’aide, de l’éducation, des questions de base, des questions fondamentales », a poursuivi Halevi. « Faute de quoi, vous aurez des milliers de nouveaux soldats dans l’armée du Hamas », car « le Hamas se nourrit de la population ».
Accusant les hauts responsables militaires israéliens de ne pas comprendre l’ennemi et d’accepter « de nombreux concepts problématiques », Halevi a affirmé que Tsahal n’avait pas réussi à gérer correctement l’opération à Gaza et à mettre en œuvre les objectifs du gouvernement.
Il a également eu des mots durs pour la générale de division Yifat Tomer-Yerushalmi, l’avocate militaire générale, qui a récemment été très vivement critiquée par des politiciens de droite pour sa décision d’arrêter neuf réservistes soupçonnés d’avoir abusé sexuellement d’un Palestinien accusé de terrorisme dans le centre de détention de Sde Teiman.
Selon Halevi, Tomer-Yerushalmi « a fait preuve d’un manque de jugement juridique et militaire, mais aussi d’un manque de jugement national et politique dans ses décisions ».
Les policiers militaires masqués qui ont arrêté les soldats « en plein jour » ont causé à Israël un important problème d’image, s’est-il plaint.
« Nous nous sommes réveillés le matin et nous avons vu dans les journaux arabes, mais aussi dans les journaux anglais du monde entier, que les soldats de Tsahal étaient des violeurs », a-t-il déploré, ajoutant que le temps de guerre n’était « pas un temps normal ».
« Une telle action publique peut nuire à votre statut international et au moral de vos troupes. »
Désaccord mais pas révolte
Quant à la part de responsabilité de Netanyahu et de l’échelon politique, Halevi a déclaré que « s’il est évident que le gouvernement a une responsabilité », la manière dont Tsahal se bat doit être modifiée « à la racine ».
Ces derniers mois, plusieurs autres députés du Likud ont publiquement exprimé leur désaccord avec Netanyahu sur diverses questions et se sont même opposés à lui sur des textes législatifs majeurs de la coalition.
En juin, Moshe Saada et Tally Gotliv avaient fait échouer un projet de loi sur les Affaires religieuses soutenu par le Shas, tandis que le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense de la Knesset, Yuli Edelstein, avait refusé de faire passer dans sa commission des mesures soutenues par le gouvernement pour prolonger la durée de service des réservistes et réglementer l’enrôlement des ultra-orthodoxes, sans parvenir à ce qu’il nomme un « large consensus ».
Pour autant, leurs activités ne semblent pas faire partie d’une révolte plus large contre l’autorité de Netanyahu. Lorsqu’on lui a demandé s’il pensait que le Premier ministre était en train de perdre le contrôle de sa coalition, Halevi a répondu que « Bibi est un héros » pour avoir tenu bon face aux pressions de l’administration Biden et de ses propres chefs de la sécurité.
Les membres de la coalition « comprennent que nous avons besoin d’une victoire, et que toutes les autres questions en dehors de la guerre sont moins importantes, et nous ne pouvons pas briser la coalition au nom de ces préoccupations [secondaires] », a-t-il déclaré.
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