Un journaliste de la Chaîne 14 agressé lors d’une manifestation anti-gouvernement
Des manifestants ont interrompu le reportage en direct d'Atay Shalev et l'auraient frappé avec des mâts de drapeaux ; l'Union des journalistes a condamné l'acte
Des manifestants anti-gouvernement ont attaqué un journaliste de la Quatorzième chaîne mercredi, interrompant son émission en direct et le frappant, lui et son équipe, avec des mâts de drapeaux.
Atay Shalev, dont la chaîne s’adresse à un public religieux nationaliste, a déclaré que l’agression physique ressemblait à un « lynchage ».
Le ministre des Communications et l’Union des journalistes d’Israël ont tous deux condamné l’agression. La Quatorzième chaîne a déclaré qu’elle engagerait des poursuites judiciaires contre les auteurs de l’agression.
Shalev était en direct lors d’une manifestation anti-gouvernement à Bnei Brak, contre les projets du gouvernement d’allouer d’importantes sommes d’argent à la communauté ultra-orthodoxe.
Chaque fois que Shalev rendait l’antenne, les manifestants agitaient des drapeaux devant lui dans le but de perturber le reportage. Puis le chahut s’est intensifié.
Les manifestants ont placé des drapeaux sur la tête du journaliste et sur la caméra. Certains l’ont également insulté, klaxonné et bousculé. Selon Shalev, il y a également eu une agression physique.
המפגינים "הדמוקרטים" בבני ברק לא מסוגלים לשמוע דעה אחרת וחוסמים את כתב ערוץ 14 מלדווח.
לא תוקפים עיתונאים בישראל, לא חוסמים אותם מלשדר ולא מפעילים אלימות כלפיהם. בשום אופן לא. pic.twitter.com/Z5uIAUW5yQ
— ????????שלמה קרעי – Shlomo Karhi (@shlomo_karhi) May 17, 2023
S’adressant à la chaîne jeudi, Shalev a déclaré que « cela ressemblait à un lynchage ».
Shalev a déclaré qu’il était habitué à faire face à l’animosité des manifestants lors des rassemblements anti-gouvernement parce qu’il travaille pour la Quatorzième chaîne, que les critiques considèrent comme le fer de lance de la propagande pro-Bibi [Premier ministre Benjamin Netanyahu], mais que l’incident de mercredi soir avait pour la première fois comporté de la violence physique.
Il a déclaré que les manifestants avaient utilisé leurs mâts de drapeau pour asséner des coups, à lui et à son équipe, à la tête et sur le corps.
« À ce moment-là, j’ai eu peur. Je n’avais jamais eu peur dans toutes les manifestations auxquelles j’avais participé, mais cette fois-ci, avec les drapeaux, lorsque l’agression est devenue physique, j’ai pris peur », a déclaré Shalev.
Selon lui, la police n’intervient généralement pas lorsqu’il ne s’agit que de chahut, mais lorsque deux agents des forces de l’ordre, qui se trouvaient à proximité, ont remarqué l’agression physique, ils l’ont approché et l’ont mis à l’abri.
Shalev a promis de continuer à couvrir les manifestations et de « continuer à faire son travail ».
« J’irai partout où la chaîne m’enverra. »
La Quatorzième chaîne a déclaré dans un communiqué jeudi qu’elle mettait en place une équipe juridique pour intenter une action en justice contre les manifestants impliqués.
« Nous demandons au chef de la police et à tous les organismes chargés de l’application de la loi de prendre des mesures immédiates pour poursuivre les voyous violents », a déclaré la chaîne. « La direction de la chaîne a l’intention de mettre en place une équipe juridique dès demain matin afin d’engager des poursuites civiles contre les agresseurs qui ont attaqué notre personnel dévoué. Les tentatives de nous réduire au silence par la violence et la criminalité ne nous décourageront pas. »
Le ministre des Communications Shlomo Karhi (Likud), a écrit sur Twitter que « les manifestants ‘démocratiques’ de Bnei Brak sont incapables d’entendre une opinion différente et ont empêché un journaliste de la Quatorzième chaîne de faire son reportage ».
« Les journalistes en Israël ne seront pas attaqués, ils ne seront pas empêchés d’émettre et la violence ne sera pas utilisée à leur encontre », a-t-il écrit. « Il n’en est pas question. »
L’Union des journalistes a déclaré dans un communiqué qu’elle « condamne sévèrement et s’oppose fermement au comportement des manifestants qui ont perturbé l’émission d’un journaliste de la Quatorzième chaîne ».
« Une situation dans laquelle une équipe de journalistes a besoin d’une protection policière pour effectuer son travail est inacceptable. Nous appelons tous les manifestants, qu’ils soient pour ou contre, à ne pas empêcher les médias de faire leur travail dans un pays démocratique. »
Dans le cadre des manifestations de masse contre le projet du gouvernement de réformer radicalement le système judiciaire et des contre-manifestations organisées par ses partisans, plusieurs incidents se sont produits au cours desquels des journalistes ont été agressés alors qu’ils tentaient de rendre compte des événements.
Au début du mois, un homme a aspergé de gaz poivre une équipe de la Treizième chaîne dans une rue de Tel Aviv. L’agression s’est produite dans le cadre d’une réaction de la droite contre la chaîne après qu’elle a semblé accuser Netanyahu d’avoir ordonné des frappes aériennes sur des femmes et des enfants à Gaza dans un texte affiché à l’écran pendant son principal bulletin d’information du soir sur les frappes aériennes israéliennes dans la Bande de Gaza.
Au cours des derniers mois, le personnel de la Treizième chaîne a fait l’objet d’une série d’agressions en raison de son orientation jugée anti-Netanyahu.
העיתונאית טליה כהן והצלם איוון אלכסייביץ׳ מחדשות 13 הותקפו בגז מדמיע בתל אביב. למה? ככה. טינופות pic.twitter.com/KDHbommyqU
— Raz Shechnik (@RazShechnik) May 10, 2023
Fin avril, lors d’un grand rassemblement de la droite exhortant le gouvernement à reprendre le processus législatif de sa réforme largement controversée du système judiciaire, une bouteille en verre a été lancée sur les journalistes de la Treizième chaîne qui couvraient la manifestation, les manquant de peu.
Fin mars, avant un autre rassemblement de droite, une équipe de la Treizième chaîne a été attaquée par des membres du groupe d’extrême-droite La Familia, provoquant l’hospitalisation du journaliste Yossi Eli pour une côte cassée et des dommages à la rate, et blessant à la tête le caméraman Avi Cashman.
En janvier, une foule en colère a attaqué une équipe de la Treizième chaîne à Jérusalem, qualifiant les journalistes de « gauchistes » et leur demandant de quitter les lieux alors qu’ils couvraient un attentat terroriste perpétré la veille dans le quartier de Neve Yaakov, dans lequel sept personnes avaient été tuées.