« Voyez nos larmes » : L’ex-otage Omer Wenkert exhorte le cabinet à l’inviter à une réunion
Lors des rassemblements, d'anciens otages ont exhorté à la reprise des pourparlers ; à l'approche de Pessah, Liri Albag : "Quelle liberté quand 59 personnes sont toujours dans l'enfer du Hamas ?"

Samedi soir, des milliers de personnes sont à nouveau descendues dans les rues d’Israël pour participer aux manifestations hebdomadaires réclamant la libération des 59 otages toujours détenus à Gaza et pour protester contre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Les rassemblements de cette semaine ont eu lieu alors que des familles d’otages ont exprimé à plusieurs reprises leur inquiétude quant au sort de leurs proches depuis qu’Israël a repris les hostilités à Gaza le mois dernier, mettant fin à l’accord de cessez-le-feu et de libération des otages conclu avec le Hamas en janvier, invoquant le refus du groupe terroriste palestinien de prolonger la première phase de l’accord.
À Tel Aviv, plusieurs anciens otages, libérés dans le cadre du récent accord de cessez-le-feu, se sont adressés à la foule. Liri Albag, Omer Wenkert et Gadi Mozes ont tous critiqué la reprise des combats et ont exprimé leur crainte que cela ne mette en danger la vie des otages restants.
Les manifestations ont commencé quelques heures après la diffusion par le Hamas d’une vidéo de propagande des otages Maxim Herkin et Bar Kupershtein – les premiers signes de vie des deux hommes depuis leur enlèvement il y a près de 550 jours lors du pogrom perpétré le 7 octobre 2003 par le groupe terroriste palestinien, qui a déclenché la guerre.
Les familles de ces deux otages ont demandé aux médias israéliens de ne pas publier la vidéo du Hamas, l’une des dizaines de vidéos de propagande diffusées par le groupe terroriste au cours de la guerre à Gaza, qualifiée par Israël de guerre psychologique déplorable.
Lors du rassemblement sur la Place des Otages, Albag, une soldate de surveillance enlevée sur la base de Nahal Oz pendant l’assaut du Hamas et libérée au cours du cessez-le-feu désormais révolu, a expliqué à la foule que « chaque reprise des combats met en danger les otages ».

« Chaque fois que l’armée de l’air frappe, ce sont eux qui en paient le prix », a-t-elle poursuivi.
Après l’échec de la première trêve négociée fin novembre 2023, « j’ai aussi craqué », a raconté Albag.
« Je me souviens de ce moment, un moment où tout ce qui nous permettait de tenir s’est effondré. »
« Cette semaine, c’est Pessah, la fête de la liberté. Mais de quelle liberté pouvons-nous parler alors que 59 personnes sont toujours dans l’enfer du Hamas ? », a déploré Albag.
« Je me souviens de Pessah là-bas, une triste fête. Nous étions déprimés. Nous étions réduits en esclavage. »
Mozes, un agriculteur de 80 ans enlevé par le groupe terroriste du Jihad islamique palestinien dans le kibboutz Nir Oz et relâché en janvier, a exigé que le gouvernement « mette fin à la guerre, retire les militaires de la bande de Gaza et mette en œuvre la deuxième phase de l’accord signé par Israël », mais qu’il a refusé de négocier au cours de la première phase qui avait duré 42 jours et qui a expiré le 2 mars.
« Nous n’avons pas de temps à perdre. La terre brûle sous nos pieds », a déclaré Mozes.
« L’hypothèse selon laquelle tuer des gens ferait comprendre au Hamas qu’il doit libérer les otages est fondamentalement erronée. Ils ne se soucient ni de la vie ni des biens des gens. Ils ont une monnaie d’échange entre leurs mains et veulent en tirer le meilleur parti. »

« Les tambours de guerre résonnent à nouveau dans mes oreilles », a-t-il poursuivi.
« J’étais là-bas et j’ai entendu ces voix de l’autre côté de la frontière. »
« Nos frères en captivité perdent tout espoir lorsque les bruits de roquettes se font entendre de toutes parts », a souligné Mozes, faisant référence aux 24 otages encore en vie, qui sont tous des jeunes hommes.
« Ces roquettes ont tué et peuvent tuer nos frères sans défense. »

Wenkert, qui a été relâché des geôles du Hamas en février dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu et de libération d’otages, s’est également exprimé sur la Place des Otages. Il a appelé le gouvernement à l’inviter à une réunion du cabinet « et à faire face à mon témoignage ».
« En captivité, j’étais détenu dans un tunnel dans des conditions effroyables. À côté de moi se trouvait une fosse qui servait de toilettes », a-t-il raconté.
« Pendant 505 jours, j’ai été affamé, humilié, tabassé. Pendant 197 jours, j’étais détenu seul et j’ai presque perdu la raison. »
« Je ne suis pas vraiment là. Seule la moitié de moi est ici. Une partie de nous, une partie de nous tous, est toujours captive à Gaza », a poursuivi Wenkert.

« Monsieur le Premier ministre Benjamin Netanyahu, c’est à vous de les faire revenir », a-t-il clamé.
« Je me tourne vers vous, dirigeants du pays, et je vous le répète : ne détournez pas le regard. Regardez-nous. Voyez les larmes dans nos yeux. »
Il a rendu hommage aux soldats qui ont été tués pendant la guerre ; aux 28 jeunes, dont sa grande amie Kim Damati, qui ont été tués dans l’abri anti-bombes où ils s’étaient réfugiés après avoir fui le festival de musique Nova de Reïm, lors de l’assaut sanglant du Hamas du 7 octobre ; et à ses amis Evyatar David et Guy Gilboa Dalal, qui ont également été enlevés lors de la rave-party et qui sont toujours en captivité.
Une semaine avant la fête de Pessah, qui célèbre la liberté, Wenkert a déclaré : « Le mot ‘liberté’ semble grand et sublime, mais c’est simple : c’est être en famille. C’est se réveiller le matin avec un cœur paisible. C’est savoir que l’on est libre de rêver, de faire des câlins, d’aimer, de rire, de pleurer sans crainte. »

Avant le principal rassemblement anti-gouvernement à Tel Aviv, un millier de personnes se sont rassemblées pour une manifestation sur la Place Habima, au cours de laquelle le député Yoav Segalovitz (Yesh Atid) a affirmé que Netanyahu mentait à propos du Qatar dans le cadre de l’enquête sur les liens prétendument illicites entre les principaux collaborateurs du Premier ministre et l’émirat du Golfe soutenant le Hamas.
Citant une déclaration vidéo publiée cette semaine par Netanyahu, selon laquelle le Qatar n’est pas un État ennemi, Segalovitz a déclaré que « tout à coup, le Qatar est devenu un ‘pays complexe’. Un pays qui a affaire au terrorisme, où des membres du Hamas résident en permanence, est soudainement qualifié de ‘pays complexe’ ».
Netanyahu a une « marque de Caïn sur le front » pour avoir échoué à empêcher le pogrom du 7 octobre, a-t-il déclaré, pour avoir « blanchi » le ministre d’extrême droite de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, et pour avoir introduit des « termes conspirationnistes tels que ‘l’État profond’ dans le discours public ».
« Je suis fier d’avoir fait partie de l’État profond », a déclaré Segalovitz, ancien commandant de l’unité anti-corruption de la police israélienne, Lahav 433, qui enquête sur l’affaire dite du « Qatar-gate ».
Segalovitz a affirmé que Netanyahu, qui était en visite officielle à Budapest ce week-end, voulait faire d’Israël une Hongrie, où « le système judiciaire a été supprimé, la constitution modifiée, la presse n’est pas libre et le monde universitaire est bafoué ».
« Netanyahu se fait prendre en photo au bord du Danube », a-t-il poursuivi, faisant référence à une photo du Premier ministre prise la semaine dernière devant un mémorial de la Shoah à Budapest.
« Il n’est pas encore venu à Nir Oz », a renchéri Segalovitz, faisant référence au kibboutz du sud qui a été ravagé le 7 octobre 2023.
La manifestation a également été marquée par un discours de l’ancienne ministre des Affaires étrangères Tzipi Livni, qui a énuméré une série de griefs à l’encontre de Netanyahu, notamment « les violents déchaînements de tuerie et de destruction perpétrés par des Juifs contre des Arabes en Judée-Samarie », une référence rare à la violence des résidents d’implantations radicaux en Cisjordanie lors du rassemblement sur la Place Habima.

Lors du rassemblement anti-gouvernement qui s’est tenu à proximité des quartiers généraux de l’armée de la Kirya, dans la rue Begin à Tel Aviv, Merav Svirsky, sœur de l’otage assassiné Itay Svirsky, a déclaré devant des milliers de manifestants qu’il était « insensé et insupportable, et douloureux pour l’esprit, l’âme et le corps, pour moi d’avoir payé le prix le plus cher à cause de ce gouvernement de destruction et de ce Premier ministre ».
« Il fera tout pour préserver son pouvoir. Et si cela ne suffit pas, nous savons aujourd’hui que ‘la source diplomatique’ – un pseudonyme que Netanyahu utilise parfois dans les déclarations à la presse depuis son bureau – est parfois une relation publique qatarie se faisant passer pour une source diplomatique », a ajouté Svirsky, faisant allusion aux récentes révélations de l’enquête criminelle sur les liens présumés entre le Qatar, qui soutient le Hamas, et les principaux collaborateurs de Netanyahu.
« Aucun autre otage ne devrait payer de sa vie la conduite criminelle du gouvernement et de son chef », a-t-elle affirmé.
« Assez de ces morts inutiles. Au lieu d’une vengeance destructrice, nous devons revenir à la sanctification de la vie. »
Maayan Sherman, dont le fils soldat Ron Sherman a été tué des suites d’une frappe aérienne israélienne alors qu’il était détenu par le Hamas, a déclaré : « Avec Ron, 40 otages ont été assassinés ou tués à cause de cet abandon, tandis que le gouvernement d’Israël est occupé par la folie de la refonte judiciaire. »
« Malgré toute la douleur, je refuse de perdre espoir », a-t-elle poursuivi.
« Nous sommes là pour rappeler à chacun ce qu’impliquent la responsabilité, la culpabilité, la compassion et le devoir moral. »
Les manifestations de samedi ont eu lieu alors que les craintes concernant le sort des otages se sont intensifiées. En effet, le Hamas a déclaré vendredi qu’il ne déplacerait pas les otages vivants des zones de Gaza dont l’évacuation a été ordonnée par Tsahal ces derniers jours, affirmant que le gouvernement israélien serait responsable en cas de décès des captifs.

L’armée a émis des ordres d’évacuation pour l’ensemble du secteur de Rafah, le quartier de Shejaiya à Gaza, et d’autres zones au nord de l’enclave. Le communiqué indiquait également que le Hamas maintenait les otages « sous de strictes mesures de sécurité, qui sont extrêmement dangereuses pour leur vie ».
Le Hamas avait déjà indiqué qu’il exécuterait les otages si les troupes israéliennes se rapprochaient des zones où ils sont retenus.
En août, le groupe terroriste palestinien avait exécuté six otages à Rafah alors que les troupes de Tsahal opéraient à proximité.
Ces rassemblements ont également eu lieu après qu’un « haut responsable israélien » a déclaré aux journalistes vendredi qu’Israël n’accepterait pas de mettre fin à la guerre à Gaza en échange des otages, car le Hamas exige des garanties qui interdiraient à Israël de reprendre ses opérations dans la bande de Gaza.